Malgré les efforts continus pour limiter l'offre, la disponibilité des drogues en Europe reste élevée, ce qui favorise une consommation généralisée de substances illicites. Le dernier rapport de l'EMCDDA met en évidence l'évolution des modes de consommation, la hausse de la polyconsommation et la menace croissante des opioïdes de synthèse.

La disponibilité des drogues en Europe reste élevée et, malgré les efforts déployés pour la réduire, leur consommation reste répandue. Le dernier rapport de l' Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) offre un aperçu complet de la situation en 2024, examinant à la fois l'ampleur de la consommation de substances psychoactives et les risques associés.

L'analyse s'appuie sur des données provenant des États membres de l'Union européenne, ainsi que de la Norvège et de la Turquie. Le rapport met en lumière l'évolution de la dynamique du marché des médicaments et les défis qui en découlent pour les politiques de santé et de sécurité publiques.

Substances illégales en Europe

Le rapport de l'OEDT confirme que le cannabis reste de loin la drogue la plus consommée en Europe. Cependant, ce n'est pas la seule substance fortement demandée : la cocaïne, les stimulants de synthèse, la MDMA, l'héroïne et les nouvelles substances psychoactives (NPS) jouent également un rôle important sur le marché des drogues du continent.

Une tendance particulièrement préoccupante est l'augmentation du nombre de personnes consommant simultanément plusieurs substances. La cocaïne, souvent associée à l'alcool et au tabac, est un élément courant de cette polyconsommation, augmentant le risque de conséquences graves pour la santé.

Approvisionnement et production de drogues

Le rapport révèle que malgré les efforts des forces de l'ordre, la disponibilité des drogues en Europe reste élevée. Les données sur les saisies indiquent que la contrebande et la production de substances illicites se poursuivent à des niveaux importants. En 2022, un nombre important de saisies de précurseurs de drogues ont mis en évidence l'activité continue de laboratoires produisant des substances synthétiques.

La marijuana et le haschisch sont largement cultivés et distribués en Europe, bien qu'une partie de la production soit importée. Quant à la cocaïne, les données suggèrent que les principales routes de contrebande partent toujours d'Amérique du Sud et passent par les ports européens, servant de points d'entrée avant que la drogue n'atteigne les marchés nationaux.

Cocaïne et stimulants synthétiques

Après le cannabis, la cocaïne est la drogue illicite la plus consommée en Europe. Si les niveaux de consommation varient selon les pays, la tendance générale indique une demande croissante. L'un des facteurs clés est sa grande disponibilité, associée à sa consommation fréquente en association avec l'alcool, ce qui amplifie ses effets stimulants.

Les stimulants synthétiques comme l'amphétamine, la méthamphétamine et les cathinones gagnent également en popularité. La présence croissante d'opioïdes synthétiques, souvent bien plus puissants que l'héroïne et présentant de graves risques pour la santé publique, est particulièrement préoccupante.

La MDMA (ecstasy) demeure une drogue récréative majeure, notamment chez les festivaliers et les amateurs de clubs. Un rapport souligne que jusqu'à 79 % des consommateurs de MDMA dans l'Union européenne et en Norvège ont consommé cette substance lors d'événements musicaux, ce qui renforce son lien étroit avec la vie nocturne et le divertissement.
L'héroïne, quant à elle, reste l'opioïde illicite le plus consommé en Europe, même si les modes de consommation évoluent. La prévalence croissante des opioïdes synthétiques, dont beaucoup sont nettement plus puissants et dangereux, représente une menace croissante. L'augmentation des overdoses souligne l'urgence de mettre en place des stratégies de prévention plus efficaces et d'élargir l'accès aux traitements de substitution.

Nouvelles substances psychoactives : une menace émergente

Le marché européen des drogues est en constante évolution, avec l'apparition chaque année de nouvelles substances psychoactives (NPS). Parmi celles-ci figurent les cannabinoïdes de synthèse, les cathinones et les opioïdes, dont beaucoup sont difficiles à détecter et extrêmement dangereux. Le système d'alerte précoce de l'UE surveille et identifie les nouvelles substances afin de mieux répondre aux risques émergents.

Bien que le nombre d'usagers de drogues injectables soit en baisse, ils demeurent parmi les groupes les plus vulnérables. La consommation de drogues injectables demeure une cause majeure d'infections par le VIH et les hépatites B et C, ce qui rend les programmes de réduction des risques, tels que l'accès à des aiguilles et des seringues propres et aux traitements de substitution, cruciaux.

Les décès liés à la drogue demeurent une préoccupation majeure, les opioïdes étant responsables de la majorité des décès. De nombreux pays européens élargissent l'accès à la naloxone, un antidote vital contre les surdoses d'opioïdes, afin de réduire la mortalité.

Pourquoi les gens consomment-ils de la drogue ?

L'enquête européenne en ligne sur les drogues de 2024 met en lumière les motivations derrière la consommation de drogues :

  • Pour le plaisir – 75 % des consommateurs de MDMA, de kétamine et de cocaïne en poudre ont cité le plaisir comme principale raison.
  • Pour rester éveillés – 51 pour cent des consommateurs d’amphétamines et 44 pour cent des consommateurs de méthamphétamine ont pris ces substances pour se stimuler.
  • Pour la relaxation et le soulagement du stress – 60 % des consommateurs de cannabis, de méthamphétamine et de CBD ont déclaré consommer des drogues pour se détendre.

Il est à noter que moins de 3 % des répondants ont fait appel à une aide professionnelle pour leur consommation de drogues, ce qui souligne la nécessité d’un meilleur accès au traitement de la toxicomanie.

Les défis à venir

Le rapport de l'EMCDDA montre clairement que le paysage européen des drogues est en pleine mutation et exige des politiques modernes et adaptatives. La disponibilité croissante des substances psychoactives, l'évolution des modes de consommation et la menace croissante des opioïdes de synthèse représentent de sérieux défis pour les pays de l'UE.

Les politiques efficaces en matière de drogues doivent aller au-delà de la réduction de l'offre. Elles doivent privilégier les mesures de réduction des risques, élargir l'accès aux traitements et améliorer le soutien aux personnes aux prises avec une dépendance.

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